Au cours des vingt dernières années, les Fondations Joseph Plaskett et Nancy Petry ont soutenu des artistes peintres émergent.e.s du Canada en leur donnant l’occasion de vivre, créer et/ou voyager outremer. Pour prendre connaissance de la variété de projets, de résidences et d’expériences que ces prix ont permis de concrétiser, veuillez consulter les témoignages ci-dessous.
Un grand merci aux personnes lauréates pour avoir partagé ces histoires et ces photographies inspirantes avec nous!
Michelle Peraza – Lauréate 2022 du Prix Petry
Je suis incroyablement honorée et touchée de rejoindre la liste des incroyables peintres récipiendaires du Prix Nancy Petry. Je suis éternellement reconnaissante à Nancy Petry et aux Fondations Petry et Plaskett pour leur soutien et pour cette occasion de vivre, d’effectuer des recherches et de peindre en Espagne. Cette expérience a été transformative de façons que je commence à peine à décortiquer.
Crédit photo: Michelle Peraza
Passant la majeure partie de mon temps à Madrid, j’ai eu l’occasion de visiter Bilbao, Burgos, Saragosse, Teruel, Valence, Barcelone et Séville. J’ai commencé mon séjour par une visite du musée Guggenheim de Bilbao et continué en visitant d’innombrables musées, basiliques et cathédrales, et encore plus crucial pour ma recherche, j’ai eu l’occasion de visiter le musée du Prado à plusieurs reprises.
Comme artiste visuelle canado-latinx explorant la complexité des expériences latinx contemporaines et le rôle de la peinture elle-même dans la promotion d’idées coloniales, mon voyage en Espagne a été incroyablement fructueux.
J’ai non seulement pu étudier in situ l’âge d’or de la peinture espagnole, tout en dévelopant une réflexion critique sur la transplantation de la peinture baroque espagnole dans l’art latino-américain, mais j’ai aussi eu l’occasion de peindre et d’analyser la signification de créer à Madrid en tant que fille de parents d’immigrants latino-américains au Canada.
Mon expérience à l’étranger a eu un impact immense sur mon évolution comme artiste, que ce soit pour mon engagement créatif et critique vis-à-vis de l’héritage de la peinture à l’huile, mais aussi pour la poursuite de ma pratique décoloniale. Je souhaite exprimer ma plus sincère gratitude aux merveilleux membres des Fondations Petry et Plaskett pour leur soutien. Les nombreux moments que j’ai vécus à travers cette occasion continueront d’avoir des répercussions tout au long de mon séjour artistique.
James Gardner – Lauréat 2020 du Prix Petry
Le Prix Petry a représenté pour moi une occasion sans pareil qui s’offrait alors que je complétais ma maitrise à l’université Concordia. Mon mémoire de maitrise s’articulait autour d’idées associées à l’ésotérisme occidental, avec un intérêt particulier pour les notions «d’agentivité de l’image» liées à l’histoire de l’Ars Memoriae ou «art de la mémoire». Les spécialistes font remonter les origines de cette tradition à la Grèce antique et soutiennent que l’art de la mémoire a eu un impact significatif sur les traditions de création d’images durant la période médiévale et jusqu’à la Renaissance, avec des développements profonds qui eurent lieu dans les cultures monastiques. Le Prix Petry m’offrait donc l’occasion inestimable de visiter la Grèce et la Turquie pour explorer ces thèmes et ces idées qui ne m’étaient auparavant accessibles que par des sources textuelles et des ressources en ligne.
Crédit photo: James Gardner
Durant l’été 2023 (mon périple ayant été reporté en raison de la Covid), j’ai pu visiter des musées et des établissements monastiques comme le mont Athos, le musée byzantin et chrétien d’Athènes, le musée Sainte-Sophie (Hagia Sophia) et le monastère de Keslik (pour n’en nommer que quelques-uns) afin d’investiguer les façons dont l’Art de la mémoire était utilisé et explorer comment ces traditions pouvaient encore être à l’oeuvre dans les traditions contemporaines de création d’images.
Première photographie (gauche): ateliers à Mont Athos et Athènes;
Deuxième photographie (droite): sélection d’Icônes des collections des musées byzantins et chrétiens (Athènes, Grèce) et du Musée de la culture byzantine (Thessalonique, Grèce).
Crédit photo: James Gardner
J’ai eu la chance incroyable de voir dans des musées des artefacts auxquels je faisais référence dans mon mémoire de maitrise, mais également d’aller à la rencontre des iconographes d’aujourd’hui, qui continuent à travailler sous l’influence d’une longue traduction de mnémotechnique, de vénération, de mémoire et de création d’images.
Ce fut un périple de recherche extrêmement fructueux qui m’a permis de créer de nouvelles connexions internationales et d’agrandir mon champ d’investigation pour y introduire de nouvelles idées et de nouvelles avenues de recherche. La recherche complétée durant cette période a été cruciale à la création de plusieurs expositions, y compris une exposition solo, Ecstatic Distance, à la Fonderie Darling de Montréal (du 28 avril au 26 mai 2024). Je suis incroyablement reconnaissant du soutien de la Fondation Petry de m’avoir offert cette expérience et de l’impact profond qu’elle a eue sur ma pratique picturale.
Vues d’exposition d’Ecstatic Distance à la Fonderie Darling de Montréal
Crédit photo: Guy L’Heureux
Caroline Mousseau – Lauréate 2019 du Prix Plaskett
En 2019, j’étais à la fois étonnée et profondément honorée d’être lauréate du Prix Plaskett. Ma fébrilité grandissait de jour en jour tandis que je commençais à planifier mon périple en Europe pour me concentrer sur les multiples histoires où s’entrecroisent le geste, l’artisanat et l’abstraction formaliste en peinture. Tandis que j’approchais des dernières semaines de mes études supérieures à l’université de Guelph en 2020, la pandémie a paralysé une grande partie de la planète.
À travers cette période d’incertitude, le Prix Plaskett m’a fait le cadeau du temps: le temps de faire confiance à ma recherche et à mon processus en atelier malgré le tumulte ambient; et le temps pour me consacrer à entreprendre les actions qui ont nourri l’expérimentation et qui ont revigoré mon affinité avec la peinture.
Le Prix, ainsi que le soutien indéfectible de l’équipe de la Fondation, m’ont permis de travailler avec une lenteur symbiotique, qui continue d’avoir un impact sur mes principales préoccupations conceptuelles et sur mes approches dans mes peintures récentes. Bien que mon expérience comme lauréate du Prix Plaskett soit différente de toutes les autres, sont énergie continue sans faiblir.
Vues d’exposition de Wrestling with Static présentée à aceartinc de Winnipeg.
Gracieuseté de l’artiste. Crédit photo: Sarah Fuller
Merci à la Fondation Joseph Plaskett et à son infatigable équipe, ainsi qu’aux nombreuses personnes qui m’ont précédée comme lauréates et qui ont permis à ce merveilleux réseau d’artistes de naître et de croître. Je leur en suis éternellement reconnaissante.
Adam Alexander Gunn – Lauréat 2018 du Prix Petry
et moi prenons nos meilleures poses
dans un photomaton berlinois
en février 2019.
Pour moi, le Prix Nancy Petry représente une expérience qui a changé ma vie et ma carrière. Grâce à l’argent du prix, j’ai pu entreprendre durant l’hiver et le printemps de 2019 une résidence de cinq mois à Berlin, dans la galerie Art Mûr Berlin. Les oeuvres de ma maîtrise étaient basées sur l’idée de travailler de façon improvisée, rendant ma pratique sensible à mon environnement, à l’art que je découvre ainsi qu’aux rétroactions que je reçois des gens que je rencontre.
Grâce à ce séjour en Europe, j’ai pu découvrir en personne plusieurs des peintures historiques que j’avais seulement vues en images. Ceci, combiné avec l’immersion dans un nouvel endroit avec de nouvelles personnes, a eu un effet puissant sur ma pratique, menant à un nouveau corpus de peintures sur les thèmes de la couleur et des changements climatiques, produites et exposées à Berlin. À mon retour, j’ai continué de travailler dans cette nouvelle direction, avec le soutien d’une bourse du Conseil des arts du Canada.
à Art Mur (septembre 2019)
Au-delà de l’expérience que ce prix m’a permise, ce fut pour moi une grande source de motivation que mon engagement à ma pratique picturale soit reconnue.
Je souhaite remercier Nancy Petry et les personnes qui contribuent à la gestion de ce prix pour cette expérience généreuse, unique, précieuse et stimulante.
Jason Stovall – Lauréat 2017 du Prix Plaskett
Le Prix Plaskett et l’opportunité de vivre, voyager et créer en Europe a été l’une des expériences les plus gratifiantes et excitantes de ma vie. Je suis éternellement reconnaissant à Joseph Plaskett et à la Fondation Joe Plaskett; sans le prix, il ne m’aurait pas été possible de voyager en Europe et de vivre autant de nouvelles expériences. Berlin a été un endroit incroyable où vivre, voyager et créer.
Les coûts abordables du loyer et de l’hébergement ne sont que quelques avantages d’un séjour en Europe, où il est aisé de voir différents pays.
Les coûts abordables du loyer et de l’hébergement ne sont que quelques avantages d’un séjour en Europe, où il est aisé de voir différents pays. Il y a tant de choses à faire, tant de galeries et de musées à visiter, de restaurants et de sites historiques à travers l’Europe. J’ai visité douze pays au total et un nombre incalculable de galeries et de musées dans chaque ville, y compris un arrêt à Venise pour la Biennale. L’Europe a beaucoup à offrir aux jeunes artistiques: son histoire et sa culture ne ressemble en rien à celle de l’Amérique du Nord. L’exposition à d’autres philosophies m’a éclairé, et j’aurais souhaité vivre de telles expériences formatrices plus tôt dans ma vie.
Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai marché sur l’Île aux musées de Berlin. La vue d’édifices marqués par l’impact des balles durant la Seconde Guerre mondiale m’a laissé une réaction viscérale. Je me suis senti fortuné de vivre à un endroit si éloigné des horreurs de la guerre. Comme par vagues, j’ai pris conscience des limites de mon regard en marchant à travers des villes qui étaient plus anciennes que n’importe quelle ville canadienne, à raison de centaines, sinon de milliers d’années. Les choses que j’ai vécues ont élargi ma perspective comme artiste et comme être humain. J’ai profité d’un type d’apprentissage incomparable à tout autre, ne provenant pas d’un manuel théorique, mais bien d’une expérience directe.
Mon expérience fut inoubliable. Mon temps à l’étranger m’a permis de croître comme artiste et comme personne. J’espère pouvoir un jour honorer la mémoire de M. Plaskett en donnant au suivant.
M. E. Sparks – Lauréate 2016 du Prix Petry
C’est un grand honneur de recevoir le prix Nancy Petry. J’aimerais exprimer ma gratitude à la Fondation Nancy Petry, à la Fondation Joe Plaskett, à l’Académie royale des arts du Canada et, bien sûr, à Nancy Petry, la célèbre peintre, photographe, interprète, cinéaste et artiste médiatique, pour avoir créé cette opportunité. Merci également à Emily Carr University et aux professeurs dévoués pour leur indéfectible appui durant mes études de maîtrise. Je serai également toujours reconnaissante envers NSCAD University et ses professeurs qui m’ont guidée durant mes études de premier cycle. C’est là que je suis tombée en amour avec la peinture. Bien que j’aie compris que le chemin d’un peintre peut être difficile, il m’est apparu que c’était celui que je devais emprunter.
Développer sa propre voie à travers la peinture, demeurer authentique, critique, réfléchi, tout en repoussant les limites et en abordant de nouveaux rivages, en même temps que de présenter son travail à la face du monde : voilà les défis auxquels nous faisons face.
Ce sont des occasions comme celles-ci qui nous rappellent que nos voix sont entendues, que notre travail est reconnu, et qu’il faut poursuivre sur le chemin qu’on s’est tracé même s’il mène vers l’inconnu.
Stanzie Tooth – Lauréate 2015 du Prix Plaskett
En tant que lauréate 2015 du Prix Joseph Plaskett, Stanzie Tooth a effectué des résidences dans quatre pays européens: Seydisfjordur (Islande), Florence (Italie), Athènes (Grèce) et Berlin (Allemagne).
Photographies gracieuseté de l’artiste
Durant sa résidence à Berlin, Stanzie Tooth a réalisé une exposition en duo avec Jessica Groome (lauréate 2011 du Prix Plaskett), qui s’était installée à Berlin. L’exposition, présentée à l’Institut für Alles Mögliche: Kanzlei intitulée «The blue form folds in two», était une installation collaborative et une réponse spécifique à l’atelier.
Stanzie a aussi réalisé «The Distance of the Moon», une exposition solo pour General Hardware Contemporary en 2017, qui comprenait le travail réalisé durant son année Plaskett, et qui s’inspirait des idées de déplacement et de voyage.
Julie Trudel – Lauréate 2013 du Prix Plaskett
Je suis particulièrement heureuse de recevoir ce prix de la Fondation Joe Plaskett en peinture. D’abord parce qu’il s’agit d’un prix de peinture. Je suis convaincue que la peinture, et spécialement la peinture abstraite, demeure un médium artistique très pertinent pour examiner certains aspects du monde dans lequel nous vivons. Sa pratique exige une longue patience, de l’attention et une volonté de rester à l’écart des clichés, ce qui tranche avec le monde d’aujourd’hui.
Comme spectateur, lorsque l’on aborde un tableau, on vit une expérience particulière : on regarde à la fois une image et un objet qui a été fabriqué à la main par un autre être humain ayant quelque chose à nous communiquer. C’est une expérience particulière qui demande de se déplacer, de s’engager physiquement et mentalement, d’être disponible. C’est une des choses que je préfère, me trouver devant un tableau.
Le prix Plaskett va me permettre de passer toute une année à Berlin à faire ces choses que j’adore : entrer tous les jours à l’atelier pour peindre, découvrir les œuvres d’autres peintres, échanger avec des artistes qui sont engagés dans un travail sérieux. C’est un cadeau merveilleux.
C’est pourquoi je tiens à remercier chaleureusement La Fondation Joe Plaskett et l’Académie royale des arts du Canada, en particulier le jury composé d’artistes chevronnés qui se sont réunis pour étudier les candidatures : Ben Reeves, Renée Van Halm et Robert Youds. Je suis la dixième étudiante ou finissante de maîtrise à recevoir ce prix et je suis très flattée de joindre une longue liste de peintres sérieux et engagés. Je remercie également chaleureusement Landon Mackenzie qui coordonne la remise du prix avec une grande générosité, tant par le temps qu’elle y consacre que par son empressement à me prodiguer ses conseils.
Enfin, je tiens à mentionner à quel point la maîtrise que j’ai complétée à l’Université du Québec à Montréal a constitué une expérience extrêmement riche. La qualité de l’enseignement, la rigueur théorique et l’esprit d’entraide et de partage au sein du groupe d’étudiants ont fait progresser ma jeune pratique de peintre de manière inespérée.
Nam Nguyen – Lauréat 2008 du Prix Plaskett
John Vogel (membre du conseil d’administration de la Fondation Joe Plaskett) m’a demandé une fois si le prix a eu l’effet transformationnel que Joseph avait espéré.
Je dois dire… je suis déjà une personne différente, un artiste différent, plus confiant de mon point de vue après avoir été exposé à tant de choses… jusqu’au point d’être surstimulé. Et ce n’est même pas terminé ! Mon travail a changé et je pense que c’est dû non seulement au fait d’avoir vu autant d’art, mais aussi d’avoir eu du temps pour réfléchir et faire des choses sans avoir la pression de la “vraie vie”. Donc oui ! Je pense que la formule du prix a eu un effet de transformation intense !
Il me semble que le prix pourrait être plus précisément décrit comme une résidence de recherche indépendante post-diplôme, semblable à une recherche postuniversitaire ou postdoctorale dans une autre discipline. Lors de mon séjour ici, j’ai visité quinze villes et probablement plus de 40 musées et institutions. J’ai fait des percées en dessin, en photographie et en vidéo, qui vont nourrir ma pratique de la peinture pour de nombreuses années. Et par-dessus tout, à Berlin j’ai trouvé une sorte de chez moi artistique européen.
Bref, ma recherche a été remplie de découvertes et de surprises à force d’avoir été exposé à des œuvres différentes qui m’ont amené de nouveaux points de vue, en plus de m’aider à me découvrir en tant qu’artiste.
Je pense que l’adjectif qui décrit le mieux l’effet de ce prix est “transformationnel”.