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Lauréate du Prix Plaskett 2023 – Chantal Khoury
Née au Nouveau-Brunswick de parents libanais, Chantal Khoury a récemment complété sa maîtrise en peinture à l’université de Guelph en Ontario. Dans son travail, Khoury explore la perte et la présence culturelles dans un contexte postcolonial, tout en remettant en question la signification de la trace du geste en peinture abstraite. S’inspirant de multiples théoricien.ne.s et artistes du Sud global, elle utilise des techniques de peinture traditionnelles pour aborder la diaspora, à travers une méthodologie contemporaine tirant avantage de la polyvalence du matériau dans une approche abstraite.
Les personnes membres du jury ont trouvé saisissante et magnifique la luminosité des peintures de Khoury, et ont été captivées par la fluidité et la variété de ses techniques picturales. Elles ont apprécié l’équilibre délicat entre la simplicité apparente des œuvres et les indices subtils de représentation, par l’intermédiaire des figures effacées qui en émergent.
Grâce au prix Khoury entreprendra un séjour d’un an à l’international, qu’elle compte diviser également entre Londres, Paris et le Liban. Durant cette période de grande liberté, elle planifie étudier les grandes œuvres et explorer des collections d’artefacts culturels. Elle prévoit également renouer avec son patrimoine familial en visitant au Liban des lieux culturels et historiques significatifs, tout en s’impliquant dans des initiatives communautaires et intellectuelles pertinentes à son travail, comme des ateliers organisés par d’autres diasporas arabes. À Londres, elle contactera l’artiste et autrice Mandy Merzaban, qui avait agi à titre de membre externe sur son comité d’évaluation de maîtrise, afin de continuer leur échange sur la perspective décoloniale.
Lauréate du Prix Plaskett 2022 – Shoora Majedian
Crédit photo: Byron Dauncey.
Shoora Majedian vit et travaille à Vancouver, en Colombie-Britannique. Originaire de Téhéran, en Iran, elle a complété sa maitrise en peinture au Emily Carr University of Art + Design en 2021. Dans ses œuvres, Majedian explore des souvenirs personnels et sociaux influencés par son enfance en Iran et ses expériences du processus d’émigration. Elle construit une trame narrative à travers la peinture, et examine des enjeux sociopolitiques à travers le langage visuel.
Le jury a été impressionné par la capacité de Majedian à saisir l’esprit de notre époque dans ses tableaux déliés, vivants et magnifiquement peints. Chaque peinture raconte une histoire particulière, à travers des personnages expressifs et émotifs. La palette singulière et la composition originale des œuvres les rendent d’autant plus intrigantes.
Le prix lui permettra de séjourner en Europe durant six mois, où elle compte se rendre en Allemagne, à Londres, Paris et Amsterdam. Cette période de grande liberté lui permettra d’explorer de nouvelles avenues de recherche : « Je souhaite développer la narrativité visuelle avec l’ajout d’éléments symboliques, varier les formats des tableaux et incorporer des références photographiques. À travers la visite des grands musées, j’approfondirai ma compréhension des pratiques qui abordent la figure humaine à la frontière entre sa formation et sa déconstruction. Je suis particulièrement intéressée par les peintres allemands contemporains, ainsi que ceux de la nouvelle objectivité et de l’expressionnisme allemand, mais je suis également stimulée par les femmes peintres actuelles qui conjuguent la mythologie et l’emploi de modèles vivants. »
Lauréate du Prix Petry 2022 – Michelle Peraza
Crédit photo: Lisa East.
Michelle Peraza est une artiste canadienne d’origine cubaine et costaricaine. Elle a complété une maitrise en peinture à l’université de York en Ontario en 2022. En tant que peintre canadienne latino-américaine de seconde génération, Peraza explore l’identité latinX à travers des portraits plus grands que nature et extrêmement réalistes représentant des femmes de son entourage, sujets dont la peinture historique est dénuée. Son usage habile des codes picturaux lui permet de disséquer l’histoire coloniale, de manière à contribuer à l’essor d’une identité latinXplus nuancée.
Avec le prix de 10 000 $, Peraza prévoit voyager pendant deux mois en Espagne, où elle approfondira ses recherches sur l’art latino-américain précolonial et colonial ainsi que sur la peinture baroque espagnole. Elle s’intéresse particulièrement aux codex mésoaméricains et aux peintures « Casta », des œuvres mexicaines du dix-huitième siècle qui dépeignent le métissage entre les peuples autochtones, africains et espagnols. Elle prévoit également faire des recherches à la Bibliothèque nationale d’Espagne, dans sa vaste collection de livres latino-américains et de manuscrits d’arts visuels de la période coloniale. Finalement, elle planifie visiter le Musée du Prado et le Musée des Beaux-Arts de Valence, en s’attardant particulièrement au travail de Diego Velázquez.
Le jury a apprécié la puissance et la précision de ses œuvres de Peraza, qui embrassent et déconstruisent à la fois les codes de la beauté féminine, afin de soulever des enjeux identitaires et décoloniaux. Les membres du jury ont apprécié la corporalité et la gestuelle forte des personnages, qui contraste avec la préparation minimale de la toile, ainsi que l’utilisation d’éléments (vases, chaises, dentelle) représentés par de délicates lignes de contour, juxtaposées à des techniques de peinture plus classiques.
Lauréat du Prix Plaskett 2021 – Emmanuel Osahor
Crédit photo: Richelle Forsey.
La pratique picturale d’Emmanuel Osahor explore les enjeux de marginalisation et d’inégalités à travers une investigation des jardins privés. Son œuvre s’appuie sur les écrits d’Elaine Scarry sur la beauté préconisant un engagement envers celle-ci pour entretenir l’attention et la bienfaisance afin de contrer les injustices sociales. Le processus de création d’Osahor débute par une documentation photographique de jardins, qui est ensuite reconfigurée à travers le collage et le dessin ainsi que la délimitation de champs colorés formés de fines couches de peinture à l’huile, entrecroisés de touches gestuelles dessinées et de fragments de peinture figurative précise. Ces stratégies permettent l’émergence de peintures luxuriantes qui dépassent la représentation du jardin pour rendre son espace tangible.
Le jury a unanimement salué la grande qualité des peintures d’Emmanuel Osahor, leur pouvoir de séduction, ainsi que l’échelle ambitieuse des œuvres. Il a apprécié l’autorisation au plaisir du peintre qui se manifeste par son utilisation du collage et du dessin pour altérer la composition, de même que par son expérimentation avec la matérialité de la peinture à travers une technique comme le raclage. Les membres du jury ont aussi souligné la dimension politique sous-jacente à son choix de sujet, et s’attendent à ce qu’elle se développe au contact d’artistes noir(e)s de la diaspora qui pratiquent en Europe.
Durant son séjour en Europe, Osahor envisage d’entreprendre une résidence d’artiste auto-organisée à Londres, Angleterre, pour y développer un nouveau corpus de peintures basées sur l’étude des principes de conception des jardins anglais. Il s’intéresse à l’héritage de la colonisation telle qu’il se manifeste à travers l’histoire de la conception des jardins : « Je vais effectuer une documentation visuelle dans des jardins et des serres publics par la prise de vues et la peinture sur le motif. L’étude de l’histoire des jardins anglais me permettra probablement d’aborder également l’histoire similaire présente dans mon pays de naissance, le Nigéria, et dans mon pays de résidence, le Canada, tous deux membres du Commonwealth. » En Europe, Osahor espère prendre part à des résidences d’artistes et visiter des musées pour entrer en relation avec les tableaux de paysage romantiques anglais, ainsi qu’avec les œuvres d’artistes noir(e)s de la diaspora qui l’ont inspiré.
Lauréate du Prix Petry 2021 – Ella Gonzales
Crédit photo: Richelle Forsey.
En tant que Canadienne d’origine philippine née en Arabie Saoudite, Ella Gonzales aborde les récits de migration qui marquent la diaspora philippine et compliquent son identité. Faisant référence aux nombreuses demeures dans lesquelles elle a vécu, les œuvres de Gonzales sont conçues au moyen du logiciel de modélisation Sketch-Up, utilisé en architecture et en design d’intérieur. Elle l’emploie pour dessiner à partir d’images sources comme des photographies et des vidéos de famille. Ses peintures reproduisent ces esquisses numériques à travers un processus d’incorporation de peinture à l’huile dans la toile de coton ou de lin non apprêtée. Ainsi la couche de peinture pénètre le support et le transperce pour créer une image miroir sur son verso. Gonzales réfléchit ainsi à la possibilité d’une troisième dimension alternative, oscillant entre les versions réelles et imaginées d’anciennes demeures.
Gonzales prévoit passer la majorité de son temps à Berlin pour effectuer des recherches sur les principes de l’école du Bauhaus au Bauhaus-Archive / Museum für Gestaltung. Elle prévoit aussi visiter le musée Tate Modern pour voir sa collection de peintures modernes et contemporaines, en particulier celles de Giorgio Morandi et de Giorgio de Chirico. Elle aimerait ensuite visiter l’Espagne, où plusieurs peintres philippins ont été formés, y compris Manuel Ocampo, dont on retrouve des œuvres importantes dans la collection MACBA. Le Museu Nacional d’Art de Catalunya renferme également les archives de plusieurs projets architecturaux qu’elle aimerait consulter.
Le jury a apprécié ses tableaux à la fois subtils et aboutis, son utilisation habile de la couleur, de même que sa capacité à puiser des influences dans l’histoire de la peinture tout en se les réappropriant. Les membres du jury sont d’avis que son traitement astucieux de l’espace est appelé à évoluer et qu’elle développera de nouvelles manières de renouveler les approches formelles en peinture au contact des principes de design de l’école du Bauhaus.
Lauréate du Prix Plaskett 2020 – Azadeh Elmizadeh
Crédit photo : Greg McCarthy.
Azadeh Elmizadeh a obtenu un baccalauréat en communication visuelle et en design graphique de l’Université de Téhéran (2010) et un baccalauréat en arts visuels d’OCAD University (2016). Elle a complété sa maîtrise en arts visuels à l’université de Guelph en août 2020. Travaillant à mi-chemin entre la peinture et le collage, Elmizadeh fait allusion aux peintures miniatures persanes; son processus de création repose sur l’application lente de glacis translucides de peinture à l’huile pour créer des sentiments d’anticipation et de mouvement temporel, un collage ou un assemblage d’intervalles discontinus où ici, ailleurs, maintenant et autrefois sont représentés simultanément.
Le jury a été captivé d’entrée de jeu par la virtuosité technique de l’artiste, qui lui permet de construire avec simplicité des tableaux évoquant la luminosité. Ils ont apprécié l’équilibre dans sa pratique entre les références historiques, incluant une allusion au mouvement abstrait du color field painting, et la volonté d’amener de la nouveauté et de la fraicheur par une palette de couleurs extrêmement complexe. De la surface vaporeuse de ses tableaux émergent des traces de feu, de lumière et de silhouettes humaines. Avec son travail captivant, un texte de démarche de grande qualité, et un plan bien défini pour son séjour en Europe, Elmizadeh a obtenu un soutien unanime et enthousiaste des trois membres du jury.
Elmizadeh prévoit élargir sa compréhension du rôle qu’ont joué les rencontres interculturelles dans l’émergence de la peinture abstraite moderniste au cours du 20e siècle en étudiant les représentations historiques alternatives de l’art islamique dans des institutions culturelles comme le Victoria and Albert Museum à Londres, la Bibliothèque Nationale de France et le Museum für Islamische Kunst. Pour elle, la peinture est un espace qui permet de combler le vide entre des connaissances et des cultures qui paraissent distantes au premier coup d’œil, ainsi qu’une occasion de s’engager dans des dialogues interculturels au sein d’un paysage culturel d’une diversité grandissante.
Lauréat du Prix Petry 2020 – James Gardner
Crédit photo : Daniel Esteban.
James Gardner détient un baccalauréat de l’université de Guelph (majeure en arts visuels, mineure en histoire de l’art) et a récemment complété sa maîtrise en arts visuels à l’université Concordia. À travers ses recherches sur le pouvoir des images, Gardner a exploré l’art de la mémoire et son utilisation dans les traditions de l’alchimie, de la magie et de l’astrologie. S’appuyant sur l’art de la mémoire comme base conceptuelle de ses peintures, Gardner explore comment les images peuvent être (ré)activées et altérées pour produire de nouvelles formes de connaissance et d’expérience.
La solide connaissance que Gardner détient à propos des normes et des conventions de la peinture, ainsi que sa volonté de les explorer dans ses œuvres d’une manière à la fois espiègle et sophistiquée, ont attiré l’attention des membres du jury. Ceux-ci ont apprécié son ingéniosité : dans ses œuvres, Gardner peut combiner à la fois l’utilisation de nouvelles technologies, la mise en place de composantes sculpturales rappelant des cages, et des références à des traditions ancestrales en peinture. De plus, le jury était d’avis que le plan de Gardner pour son utilisation du prix était bien réfléchi et soutenu d’une recherche exhaustive : ils s’attendent à ce que son séjour en Europe contribue à ses recherches actuelles.
Étant donné l’origine grecque de l’art de la mémoire, Gardner prévoit commencer son séjour en Europe à Athènes, pour travailler en profondeur à partir de tableaux réalisés dans cette tradition. Il prévoit contacter le musée byzantin et chrétien d’Athènes dans l’espoir d’obtenir des numérisations en haute résolution d’images d’artisanat monastique pour les ajouter à ses propres archives et éventuellement les utiliser comme transferts dans ses tableaux. Il prévoit également visiter la l’Italie et l’Irlande, pour continuer d’étudier les peintures réalisées dans la tradition de l’art de la mémoire et pour poursuivre sa réflexion sur les croisements entre « l’ésotérisme occidental » et la création d’images.
Lauréate du Prix Plaskett 2019 – Caroline Mousseau
Crédit photo : Richelle Forsey.
Caroline Mousseau a obtenu un baccalauréat en arts visuels d’Emily Carr University of Art + Design et elle complète actuellement sa maîtrise en arts visuels à l’université de Guelph. Ses recherches se concentrent sur la manière dont la pratique de l’artisanat permet de développer un cadre méthodologique, philosophique et féministe de la peinture abstraite. Son travail mise sur le potentiel d’un processus d’élaboration lent et délibéré, un terreau fertile pour l’abstraction dans un monde d’immédiateté.
Le jury a été séduit tant par l’aspect formel que conceptuel du travail de Mousseau. Il a apprécié sa déconstruction habile du coup de pinceau expressionniste abstrait à travers une série de gestes lents et délibérés. En plus de la brillante maitrise technique présente dans ses œuvres, son remarquable texte de démarche a démontré d’excellentes habiletés conceptuelles lui permettant d’aborder avec assurance d’importants enjeux de la peinture contemporaine et de remettre en question les clichés de l’abstraction.
Mousseau prévoit s’établir à Berlin afin de concentrer son attention sur les discussions contemporaines qui y ont cours en raison de sa grande concentration de peintres, de commissaires et d’écrivain(e)s. Elle prévoit visiter des institutions qui mettent en valeur l’abstraction formaliste, comme les musées Kröller-Müller, Stedelijk et Groningeraux Pays-Bas; la Galerie nationale en Norvège; les musées Glyptotek et Statens à Copenhague. En parallèle, elle poursuivra ses recherches sur la pertinence contemporaine de l’artisanat en art, de même que sur l’histoire de l’artisanat et du design, aux intersections de l’art populaire, du modernisme, des mouvements De Stijl et Bauhaus. Elle envisage son séjour en Europe comme une opportunité privilégiée de se consacrer à la peinture et d’étudier sur le terrain les transformations qui ont eu lieu en arts, du 19esiècle au contexte actuel, en ce qui concerne le geste, la matérialité et l’abstraction formaliste.
Lauréate du Prix Petry 2019 – Lauren Pelc-McArthur
Crédit photo: Richard-Max Tremblay.
Lauren Pelc-McArthur détient un baccalauréat en arts visuels de OCAD University et complète actuellement sa troisième année de maîtrise à l’université Concordia. Ses œuvres s’attardent aux possibilités de la culture numérique, tout en abordant sa séduction, sa superficialité et les contradictions qu’elle génère. Utilisant de la peinture matte ou brillante, des pigments iridescents et des empâtements aux teintes pâlies, Pelc-McArthur déstabilise une lecture de ses tableaux comme écrans en créant des illusions d’optique qui sont difficiles à distinguer à moins d’interagir physiquement avec les œuvres. L’espace complexe de ses tableaux est peuplé d’images cycliques, de flore et de faune primitives, d’allusions à des appareils technologiques et à des humains en métamorphose.
Le jury a été impressionné par les tableaux à la fois complexes et variés de Pelc-McArthur, qui combinent plusieurs techniques innovatrices de peinture pour créer des surfaces en mutation évoquant l’instabilité du numérique. La qualité de sa candidature a été confirmée par un texte de démarche solide, un plan clairement défini pour son séjour à l’étranger et une lettre de référence enthousiaste de Janet Werner.
Pelc-McArthur prévoit postuler au Leipzig International Artist Residency et visiter le Musée d’art moderne de Moscou pour découvrir leur importante collection de peinture d’avant-garde russe. Elle souhaite également découvrir le CERN, afin d’être témoin de l’avant-garde scientifique et de l’intégrer à ses recherches artistiques. Comme elle est fascinée par les sculptures de Medardo Rosso, qui témoignent d’une intense exploration de la fluidité et de la surface, elle espère se rendre au musée qui lui est consacré en Italie.