Lauréats des Prix Plaskett et Petry 2021

Lauréat du Prix Plaskett 2021 – Emmanuel Osahor

Le peintre Emmanuel Osahor dans son atelier.
Crédit photo: Richelle Forsey.

La pratique picturale d’Emmanuel Osahor explore les enjeux de marginalisation et d’inégalités à travers une investigation des jardins privés. Son œuvre s’appuie sur les écrits d’Elaine Scarry sur la beauté préconisant un engagement envers celle-ci pour entretenir  l’attention et la bienfaisance afin de contrer les injustices sociales. Le processus de création d’Osahor débute par une documentation photographique de jardins, qui est ensuite reconfigurée à travers le collage et le dessin ainsi que la délimitation de champs colorés formés de fines couches de peinture à l’huile, entrecroisés de touches gestuelles dessinées et de fragments de peinture figurative précise. Ces stratégies permettent l’émergence de peintures luxuriantes qui dépassent la représentation du jardin pour rendre son espace tangible.

Le jury a unanimement salué la grande qualité des peintures d’Emmanuel Osahor, leur pouvoir de séduction, ainsi que l’échelle ambitieuse des œuvres. Il a apprécié l’autorisation au plaisir du peintre qui se manifeste par son utilisation du collage et du dessin pour altérer la composition, de même que par son expérimentation avec la matérialité de la peinture à travers une technique comme le raclage. Les membres du jury ont aussi souligné la dimension politique sous-jacente à son choix de sujet, et s’attendent à ce qu’elle se développe au contact d’artistes noir(e)s de la diaspora qui pratiquent en Europe.

Durant son séjour en Europe, Osahor envisage d’entreprendre une résidence d’artiste auto-organisée à Londres, Angleterre, pour y développer un nouveau corpus de peintures basées sur l’étude des principes de conception des jardins anglais. Il s’intéresse à l’héritage de la colonisation telle qu’il se manifeste à travers l’histoire de la conception des jardins : « Je vais effectuer une documentation visuelle dans des jardins et des serres publics par la prise de vues et la peinture sur le motif. L’étude de l’histoire des jardins anglais me permettra probablement d’aborder également l’histoire similaire présente dans mon pays de naissance, le Nigéria, et dans mon pays de résidence, le Canada, tous deux membres du Commonwealth. » En Europe, Osahor espère prendre part à des résidences d’artistes et visiter des musées pour entrer en relation avec les tableaux de paysage romantiques anglais, ainsi qu’avec les œuvres d’artistes noir(e)s de la diaspora qui l’ont inspiré.


Lauréate du Prix Petry 2021 – Ella Gonzales

La peintre Ella Gonzales dans son atelier.
Crédit photo: Richelle Forsey.

En tant que Canadienne d’origine philippine née en Arabie Saoudite, Ella Gonzales aborde les récits de migration qui marquent la diaspora philippine et compliquent son identité. Faisant référence aux nombreuses demeures dans lesquelles elle a vécu, les œuvres de Gonzales sont conçues au moyen du logiciel de modélisation Sketch-Up, utilisé en architecture et en design d’intérieur. Elle l’emploie pour dessiner à partir d’images sources comme des photographies et des vidéos de famille. Ses peintures reproduisent ces esquisses numériques à travers un processus d’incorporation de peinture à l’huile dans la toile de coton ou de lin non apprêtée. Ainsi la couche de peinture pénètre le support et le transperce pour créer une image miroir sur son verso. Gonzales réfléchit ainsi à la possibilité d’une troisième dimension alternative, oscillant entre les versions réelles et imaginées d’anciennes demeures.

Gonzales prévoit passer la majorité de son temps à Berlin pour effectuer des recherches sur les principes de l’école du Bauhaus au Bauhaus-Archive / Museum für Gestaltung. Elle prévoit aussi visiter le musée Tate Modern pour voir sa collection de peintures modernes et contemporaines, en particulier celles de Giorgio Morandi et de Giorgio de Chirico. Elle aimerait ensuite visiter l’Espagne, où plusieurs peintres philippins ont été formés, y compris Manuel Ocampo, dont on retrouve des œuvres importantes dans la collection MACBA. Le Museu Nacional d’Art de Catalunya renferme également les archives de plusieurs projets architecturaux qu’elle aimerait consulter.

Le jury a apprécié ses tableaux à la fois subtils et aboutis, son utilisation habile de la couleur, de même que sa capacité à puiser des influences dans l’histoire de la peinture tout en se les réappropriant. Les membres du jury sont d’avis que son traitement astucieux de l’espace est appelé à évoluer et qu’elle développera de nouvelles manières de renouveler les approches formelles en peinture au contact des principes de design de l’école du Bauhaus.